Liminalité

L’Opale d’Anubis

De conjecture en conjecture, le groupe en arrive à une autre hypothèse, celle que l’Opale serait en fait présente dans la maison d’Helga, et plus précisément dans le bureau de Jakob. Ils ont tous en tête le même objet: la lampe que le Maraudeur semblait vouloir atteindre sans pouvoir jamais parvenir à la toucher. Helga prend les devants en cherchant à déterminer si par hasard, la lampe contiendrait un esprit. Jan, agité, ne cesse de regarder par la fenêtre, sous le coup d’une impulsion qu’il ne parvient pas à définir. Le rituel magyque de la Verbena semble soudain déclencher quelque chose; un déclic se fait entendre dans la pièce, et lorsque la jeune femme se saisit de la lampe, le socle reste posé sur la table de travail, révélant qu’il s’agissait d’une cachette dissimulant un pendentif, recouvert d’une poussière dorée et correspondant exactement à la description faite par Jan, si ce n’est son centre où ne se trouve aucune opale. La seule différence avec la représentation de cette amulette trouvée dans le mausolée est que son pourtour est gravé des douze signes du Zodiaque, et non pas des symboles appartenant aux neuf Sphères.

La disparition de Francesca

Les trois Mages réalisent qu’ils ont peut-être commis une erreur: la lampe semblait offrir une protection (ou peut-être s’agissait-il d’une cage?) à cet objet, et ils ne savent maintenant ni comment ni où le mettre en sécurité. Sur ces interrogations, un Wilhelm quelque peu inquiet pénètre dans le bureau pour demander si quelqu’un a vu Francesca, car il ne parvient pas à savoir où elle se trouve. Jan et Irena réalisent alors l’importance d’un détail qu’ils avaient remarqué au courant de la matinée, mais auquel ils n’avaient pas prêté plus d’attention: la porte entr’ouverte de la chambre de l’Akashite avait en effet révélé que le lit n’avait été qu’à moitié fait, comme si la domestique s’était brutalement interrompue dans son travail. Jan regarde à nouveau par la fenêtre, et remarque alors des traces de pas fraîches dans la neige, menant du mur de la bâtisse jusqu’à l’écurie.

L’Akashite et Wilhelm se précipitent dehors. Helga, ne sachant que faire du pendentif, le glisse dans une poche de sa robe. Irena, retournée dans sa chambre afin d’y prendre une paire de lunettes plus adaptée à une sortie par beau temps, croise dans le miroir André qui lui demande ce qui se passe, car il a entendu peu de temps auparavant le cri d’une femme résonner dans sa version à lui du Palais Melvany. L’Hermétiste prend alors avec elle un miroir de poche afin de pouvoir rester en contact avec lui, et s’en va rejoindre ses compagnons.

Dehors, Jan trouve un papier plié devant la porte d’entrée. Le message est adressé à Helga, et vient manifestement des Magistères: ceux-ci auraient envoyé des hommes à eux capturer Francesca en guise de vengeance pour la mort de leur représentant, la veille, sous le pont. Dans le miroir, André confirme avoir bien entendu un cri, suivi de claquements de porte et de pas hâtifs. Le message stipule que Helga n’est plus la bienvenue, et lui ordonne de quitter la ville sous les prochaines quarante-huit heures, sous peine de voir sa domestique tuée. Ne sachant trop si le palais est observé, Helga ordonne à Wilhelm de préparer ses valises et de se tenir prêt à partir, mais il est évident qu’elle ne compte pas fuir, et que sauver Francesca est devenu à présent sa priorité.

Sous couvert de la fuite, Helga, Jan et Irena sautent dans la calèche afin de se rendre sur une petite île située au milieu du Danube, dans une ancienne église où Helga désire interroger les esprits du Danube afin d’en apprendre plus sur ce qui s’est passé sous le pont de Brandenburg et tirer au clair cette affaire sordide, cela afin d’échanger des informations sur le vrai coupable contre la vie de sa gouvernante. Wilhelm insiste pour venir; sa maîtresse profite de cette occasion pour révèler qu’il est Eveillé, et accède à sa requête. C’est donc armés de leur courage, de leur détermination, de leur foci et autres armes que les trois Mages et un Wilhelm clairement troublé se mettent en route.

Dangereux Danube

Tandis que la calèche contourne la ville par les faubourgs, Helga explique rapidement à ses amis le type de rituel qu’elle va pratiquer. Ils croisent au passage une autre calèche, frappée d’un blason français, mais ce dernier ne dit rien à personne. Une fois arrivés sur la rive, ils ne peuvent que constater que les eaux du fleuve sont quelque peu violentes aujourd’hui, et que le petit bac servant à traverser est des plus frêles. Prudemment, tous montent à bord, laissant à Wilhelm le soin de manier la gâche; Helga procède à une offrance d’agates au Danube afin de s’assurer de sa clémence. Toutefois, au moment d’accoster l’île, un corbeau s’envole de la cime des arbres avoisinants, et le fleuve se déchaîne brusquement, faisait presque chavirer la barque et jetant Irena à l’eau. Elle ne doit la vie qu’à la prompte intervention de Jan, car il semblerait que sa chute n’ait pas été naturelle, et que quelque chose dans les eaux ait essayé de l’attirer vers le fond.

Trempée et incapable de voir quoi que ce soit sans ses lunettes qu’elle a perdues, Irena est conduite jusqu’à la petite église par ses amis inquiets. En chemin, Jan remarque la présence d’une petite statuette blanche étrangement familière: c’était donc bien là l’oeuvre de Grygor. Dans l’église, un feu est vite allumé, autant pour permettre à Irena de se réchauffer que pour accueilir Helga lorsque son rituel sera achevé. Jan reste sur place pour s’occuper de l’Hermétiste et l’aider à faire sécher ses vêtements; la Verbena, elle, va accomplir son rituel, qui lui apprend de bien fâcheuses nouvelles.

La vision du fleuve

Opérant une impressionnante transformation en sirène, Helga plonge dans le Danube glacial, et part à la rencontre de ses Esprits, qui finissent par la guider vers leur Seigneur. Celui-ci apprend à la jeune femme qu’en effet, un être qui pourrait fort bien être Grygor lui a en partie “volé” son contrôle sur le fleuve, et perverti certains de ses enfants; cependants, les eaux n’ont pas accueilli de corps la veille, ce qui tendrait à indiquer que le représentant des Magistères se serait… volatilisé. En échange, le Seigneur Elementaire formule une requête, et demande à Helga que dans les années à venir, elle lui érige un temple sur cette même île.

Une naïade intervient alors pour parler à son Maître. Grâce à elle, il se révèle être en mesure de montrer à Helga des images particulièrement troublantes: un jeune homme faisant les cent pas sous le pont de Brandenburg, que la Verbena ne reconnaît pas. Soudain, l’ombre de cet inconnu s’allonge, se distord, avant qu’un tentacule en jaillisse pour frapper à la gorge le représentant des Magistères. L’homme sort un pistolet de sous son veston et tire plusieurs fois sur son étrange agresseur, mais ses balles ne viennent frapper que le pont et le sol. L’ombre prend alors la forme d’un large pilier pour venir écraser sa victime contre le dessous du pont. Dans un spasme, l’homme tire encore deux coups, puis la chose le laisse tomber. Lorsqu’il s’effondre au sol, ce dernier l’engloutit lentement, comme si sa propre ombre le dévorait. La créature prend alors la forme d’un corbeau, et s’envole…

Rencontre sur la rive

Helga revient, et informe ses amis de ce que l’auteur du meurtre est donc une ombre prenant la forme d’un corbeau. Une fois de plus, c’est signé, et cela rappelle fortement à Irena les actions d’une ancienne maison Hermétiste (*). Les trois Mages décident de conserver les statuettes en guise de preuve éventuelle, puisqu’apparemment, Grygor ne peut ou ne veut pas les récupérer une fois leur rôle accompli.

Le petit groupe retraverse le Danube, qui est cette fois bien plus calme. De retour sur l’autre rive, ils sont accueillis par un homme en redingote verte qu’Helga reconnaît comme un agent des Magistères, une Goule du nom d’Hector Malleaux. Celui-ci aurait des questions à leur poser, et sans plus attendre, la Verbena lui montre la lettre de menaces reçue le matin même, chose qui le plonge dans une surprenante perplexité: il confirme que cette missive ne vient pas des Magistères, et qu’ils n’ont pas enlevé Francesca. De plus, si Hector était au courant du rendez-vous donné à Helga la veille, celui-ci était censé avoir lieu une heure plus tôt, soit à 22h: de plus, s’il savait que son représentant avait disparu, il ignorait toutefois que celui-ci avait trouvé la mort là-bas. Hector confirme que si lettre et enlèvement correspondent en effet à ce que pourraient faire certains Tremere, ceux de la faction majoritaire, dont il fait partie, préfereraient plutôt effectuer une enquête avant d’entamer toute action drastique.

Il devient donc de plus en plus clair que les deux partis en présence ont été trompés, sans nul doute dans une tentative de les monter l’un contre l’autre, et que les conséquences pourraient en être un conflit sanglant dans les semaines à venir. Dans le souci de calmer les esprits et d’éviter un tel conflit, Irena révèle à Hector que le responsable est Grygor, et qu’il agit sans le consentement des Mages de Vienne (ou du moins, sans le consentement d’Helga et de ses compagnons). Hector accepte de bonne grâce ses explications.

Helga et Jan décident alors d’accompagner la Goule jusqu’au pont de Brandeburg afin d’examiner la scène de l’assassinat — Hector est en effet venu en calèche, comme l’indique la présence d’un véhicule et d’une silhouette (Lars Criczek, une autre Goule) l’attendant plus loin. Irena, elle, toujours enveloppée dans une couverture et sans lunettes, est censée repartir avec Wilhelm au Palais Melvany afin de se changer et éviter de prendre froid. Helga lui confie l’Opale d’Anubis, qui sera sans doute plus en sécurité au manoir, et Irena la passe autour de son cou.

(*) Il s’agit de la Maison Diedne, mais chut, seuls les joueurs, et pas les personnages, le savent.