La Source du Dragon

Stèles de glace

Au petit matin, après une nuit somme toute assez tranquille, Helga, a la désagréable surprise d’apercevoir une silhouette dans le jardin depuis la fenêtre de sa chambre. Il s’agit de Jan Peter, qui semble occupé à ériger des monticules de neige de la taille d’un homme, l’air totalement absent, et cela presque sous le balcon de la Verbena. Alors qu’elle l’interpelle afin de savoir ce qu’il fait là, le mercenaire ne lui accorde qu’un regard vide et dénué de toute expression, avant de poursuivre son oeuvre d’un geste mécanique. Passablement troublée par cette découverte, Helga s’habille rapidement pour se précipiter dehors, croisant Irena au passage, et les deux femmes finissent par se rendre dans le jardin, où Jan est maintenant en train d’achever son cinquième monticule. Cette fois encore, il ne prête aucune attention à ce qui se passe autour de lui, trop absorbé par ce qui ressemble fort à un inquiètant rituel, et son visage aux traits tirés indique qu’il a certainement dû passer une partie de la nuit dehors, attelé à cette tâche étrange.

Bien décidée à mettre fin à sa torpeur forcée, Helga frappe d’un geste vif le monticule le plus proche, ce qui a pour effet de sortir l’Akashite de sa transe. Lui qui se croyait être en train de dormir, peut-être même de rêver, reprend alors conscience, tombant à demi sur le pic de glace qu’il était en train de sculpter. Les deux femmes se hâtent alors de le ramener au petit salon afin qu’il puisse s’y réchauffer, car il a bien dû passer plusieurs heures dans le jardin, et cela sans même un manteau.

Etat second

Une fois les trois Mages à nouveau réunis, Jan finit par demander avec hésitation ce qu’il faisait là, ce à quoi ses amies sont bien en mal de lui répondre. Il reste persuadé de s’être simplement endormi la veille, ne se réveillant que pour constater qu’il se trouvait dehors. Irena tente de le calmer ; Helga, quant à elle, s’en va lui préparer une tisane, et demande discrètement à Wilhelm de faire prévenir le Doyen Knecht de leur arrivée prochaine. Une visite chez les Choristes s’impose, en effet, comme Irena ne tarde pas à le constater : le pauvre Jan ne tarde pas à entendre des voix et des gloussements malfaisants que ne perçoivent personne d’autre, et à voir des visages tourmentés apparaître dans les flammes de la cheminée. A vrai dire, c’est depuis l’incident impliquant Lars et ses hommes qu’il semble se comporter étrangement — peut-être un malencontreux effet secondaire lié à l’utilisation accidentelle de l’amulette…

Après être parvenue à convaincre l’Akashite que la tisane qu’elle lui rapporte n’est pas empoisonnée, Helga lui fait boire de quoi le calmer quelque peu. Dans les minutes qui suivent, son attitude méfiante est bien vite remplacée par un sourire niais ainsi qu’un déluge de paroles sans queue ni tête; la tisane opiacée a bel et bien rempli son office. Wilhelm, qui vient de téléphoner au Stefansdom, annonce que fort heureusement, le Frater Abjurationis, exorciste de son état, est revenu au cours de la nuit précédente après deux semaines de voyage dans les villages avoisinants. Il ne leur reste plus qu’à prendre une légère collation avant de se mettre en route ; mais Irena, qui soupçonne toujours l’exécution d’un rituel d’invocation n’ayant rien de naturel, ni de bénéfique pour le Paradigme de l’allemand, décide finalement de se saisir d’un tisonnier et retourne dans le jardin afin de briser les autres monticules. Quelle n’est pas sa surprise d’apercevoir alors au centre du cercle danser un papillon doré, identique à celui qu’elle avait vu lors du rituel effectué dans le bureau de Jakob, deux jours auparavant ; dans le manoir, Jan semble lui aussi frappé par cette même vision, qui se dissipe lorsque tous deux tendent la main pour la toucher…

Le Signe Jaune

Irena remarque alors, à la base du monticule à demi brisé, un signe taillé par Jan dans la glace. Etrangement, celle-ci semble certaine d’avoir déjà vu ce symbole quelque part, mais il lui est impossible de se rappeler où. L’Hermétiste achève alors de détruire définitivement le cercle d’invocation, et retourne à l’intérieur, où Helga, quant à elle, n’a pu que constater le départ d’Hector, parti à la faveur de la nuit après avoir laissé un mot de remerciement. Jan, lui, s’est endormi sur la table…

Sachant que la découverte qu’elle vient de faire est sans doute d’importance aussi bien qu’annonciatrice de mauvaises nouvelles, Irena retrace rapidement le signe sur un bout de papier et le pose sur la table du salon après l’avoir protégée magyquement. Cette copie, même délibèrement traçée de manière imparfaite, donne également aux deux Mages l’impression que ses trois bras spiralés bougent imperceptiblement. Helga ne sait que dire à ce sujet, et finit par demander conseil à Frère Piotr, qui reconnaît lui aussi ce symbole, mais n’a qu’une chose à en dire : “Mauvais”. La martre ignore les raisons qui ont poussé Jan à construire un tel cercle ; toutefois, il décide d’écrire un autre mot avant de quitter la pièce : “Mr. R.” De plus en plus inquiète, Helga rappelle alors le Stefansdom afin de transmettre au Père Knecht ces nouvelles informations.

Pendant ce temps, Irena, convaincue par une intuition fugace que ce signe représente une menace pour quiconque le verrait,  décide de se débarrasse rdu papier en le jetant dans les flammes. Jan se réveille en sursaut au moment même celui-ci prend feu, et il est heureux qu’Helga l’ait drogué, car dans le cas contraire, le mercenaire allemand aurait fort bien pu devenir violent. Cela semble confirmer en tout cas l’hypothèse de la possession… Au téléphone, Helga s’entretient de la situation avec Frère Quantaestellae, et lui raconte en détails ce qui est arrivé à l’Akashite ; le Choriste semble lui aussi très inquiet, et demande que Jan soit amené au plus vite auprès du Frater Abjurationis.

Et l’amulette dans tout ça?

Peu désireuse de laisser la mystérieuse amulette d’Anubis sans surveillance, et qui plus est dans une demeure sans doute plus très sûre, Helga décide d’emmener le bijou avec elle et de le placer sous la protection du sortilège de protection qui semble envelopper le mausolée de Jakob. La Verbena n’ose pas l’emmener dans la cathédrale même, où il pourrait réagir à la présence du Node des Choristes, d’autant plus que le linge dans lequel l’objet avait été placé en attendant s’est chargé spontanément d’humidité, une manifestation des plus troublantes.

Sur ces entrefaites, Wilhelm amène Jan jusqu’à la calèche, l’aide à s’étendre sur la banquette, et le véhicule finit par se mettre en route pour le Stefansdom quelques minutes plus tard, le tout sous un ciel de plomb. Aux abords du cimetière, Helga ordonne à son cocher de s’arrêter ; elle descend alors rapidement vers le mausolée de son mari afin de dissimuler l’amulette dans l’un des lourds vases entourant la stèle funèraire (dont l’eau qu’elle contient gèle d’ailleurs presque immédiatement…) ; une décision qui s’avérera lourde de conséquences par la suite…

Au Stefansdom

Quelques instants plus tard, un homme à l’air sévère, petit et musclé, vêtu d’une simple robe de bure, s’approche de la calèche. Il s’agit du Frère Fahlen, qui accepte de s’occuper de Jan pendant qu’Helga et Irena iront voir le père Knecht. Le mercenaire, à présent sorti de sa torpeur chimique, commence néanmoins à paniquer, ne voulant apparemment pas rester seul avec l’exorciste — car c’est bien de lui dont il s’agit. Finalement rassuré et convaincu par ses deux amies, Jan finit cependant par accepter de suivre Fahlen. Par la suite, nul autre qu’eux deux ne saura ce qui s’est passé pendant cette cérémonie purificatrice.

Tout en attendant que le Père Knecht puisse les recevoir, Helga et Irena pénètrent dans la nef du Stefansdom afin de jeter un coup d’oeil aux fresques que Jakob avait sculptées il y a quelques années pour ses confrères Choristes. Sur l’un des bas-reliefs en question, intitulé ‘Ascension du Golgotha’, elles finissent par distinguer, cachées derrière ce qui semble bien être une représentation de l’artiste, quatre figures encapuchonnées, enveloppées dans de longues capes et situées fort en retrait par rapport à la foule. De plus, celles-ci regardent le Christ avec attention, tout comme ‘Jakob’, d’ailleurs. La première idée qui leur vient à l’esprit est bien entendu de voir dans ces étranges silhouettes une représentation des quatre Cavaliers de l’Apocalypse, et les deux femmes ne peuvent s’empêcher de se demander s’il existe un lien entre cette oeuvre d’art et la sinistre prophétie prononcée quelques jours plus tôt par l’ange du mausolée.