La Source du Dragon

Les révélations du Père Knecht

Le frère Quantaestellae vient alors à leur rencontre afin de les mener jusqu’à l’étude du Père Knecht, une pièce à l’aspect assez anachronique, toute en longueur, emplie de livres et de cartes astronomiques complexes, et au fond de laquelle un escalier en colimaçon fait de métal monte vers ce qui doit être la bibliothèque personnelle du Diacre. Monseigneur Knecht est assis à son bureau, et examine une lettre avec attention avant d’accueillir ses invitées d’un ton prudent. Une fois Quantaestellae sorti de la pièce, Helga ne tarde pas à mentionner leur visite au mausolée ainsi que le fait que la statue leur a parlé, puis annonce de but en blanc qu’elle a trouvé l’Opale d’Anubis, lui décrivant le pendentif avec force détails. Knecht se raidit alors durant quelques secondes; puis annonce d’une voix blanche qu’il avait craint que ce jour arrive.

Le Père Knecht révèle alors qu’il rencontrait souvent Jakob en tant que confesseur, et que peu de temps avant sa mort, celui-ci lui avait demandé de protèger Helga de l’influence néfaste de cette amulette, mais sans toutefois révéler comment il avait mis la main sur ce bijou, ni l’endroit exact où celle-ci avait été dissimulée. Le vieux Choriste est à présent convaincu que la mort de Jakob n’était pas un simple accident : en effet, quelques semaines avant ce triste événement, ce dernier avait été vu par l’un des Chanoines Viennois en pleine conversation avec un agent des Magistères. Il pense également que Jakob, par le biais de ses visions, avait découvert quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir, et que c’était pour mettre fin aux souffrances induites par ces mêmes visions qu’il avait si désespérément recherché l’Opale. Cet objet maudit aurait eu par la suite des effets pervers sur sa psyché, et aggravé son mal.

Helga décide alors de parler brièvement du mystérieux “Monsieur R”, l’ami épistolaire de Jakob, ainsi que de Grygor et de ses statuettes ensorcelées. Malheureusement, le Père Knecht ne peut -ou n’ose?- en dire plus pour le moment sur l’amulette, et propose que la Verbena lui confie cet objet pour qu’il l’examine en profondeur, une proposition qui ne semble pas particulièrement l’emballer. Le Choriste en profite pour faire remarquer la recrudescence de cas de folie passagère et de crimes passionnels ayant eu lieu à Vienne et dans les villages alentours au cours des deux derniers mois (le dernier cas remontait d’ailleurs à la veille, ni plus ni moins). Quant au vampire que Jakob aurait rencontré, Knecht le décrit comme un homme roux au visage balafré, un homme qu’Helga et Irena reconnaissent immédiatement comme étant Lars Kriczek, un “simple serviteur” plutôt qu’un Damné à part entière.

Vision du Tartare

Pour finir, le doyen des Choristes Viennois leur montre un croquis que Jakob aurait réalisé peu de temps avant de travailler sur son ultime sculpture. Il s’agit d’une oeuvre qu’il avait conçue dans les jours suivants sa toute dernière crise, et ayant pour titre “Vision du Tartare”. Knecht avait reçu ce dessin deux semaines avant la mort de Jakob, des mains-mêmes de ce dernier ; celui-ci lui avait alors confié qu’il était tourmenté par une série de rêves particulièrement terribles et réalistes, et qu’il avait essayé là de les retranscrire, mais sans rencontrer le succès qu’il espèrait (d’ordinaire, il ne montrait d’ailleurs que très rarement ses croquis à quiconque).

La scène révèle un paysage côtier. Au loin se dressent d’énormes colonnes légèrement recourbées, au nombre de huit, peut-être neuf, et qui semblent se fondre dans la brume ; au-dessus de celles-ci brille un soleil distordu, l’astre étrange donnant presque l’impression de se liquéfier petit à petit. Plus bas, au premier plan, une silhouette à genoux lève les bras au ciel dans un geste de supplication horrifiée. Enfin, sur le côté gauche de la feuille de vélin se tiennent quatre silhouettes, étrangement similaires à celles que les deux magiciennes avaient découvertes un peu plus tôt dans la nef de la cathédrale… Celles-ci sont également tournées en direction des étranges colonnes, comme si ces terribles monticules de pierre humide dissimulaient un indicible secret. Pour Helga et Irena, le doute n’est plus permis ; il existe de toute évidence une similitude entre ce décor et les monticules assemblés un peu plus tôt par Jan Peter…

Alors qu’elle fixe le croquis avec intensité, Irena croit voir l’une des silhouettes se tourner vers elle, mais cela ne dure qu’un temps si bref qu’elle croit presque avoir été victime de son imagination. Helga, quant à elle, ne semble avoir rien remarqué. Knecht, lui aussi, pense reconnaître là les quatre Cavaliers de l’Apocalypse, auxquels il manque néanmoins leurs attributs équestres. Cependant, il confesse assez vite le fait qu’il leur manque à tous un certain nombre d’éléments importants. Pour la première fois, il apparaît clairement que Jakob était un homme bien plus secret qu’on n’aurait pu le croire de prime abord, et Knecht avoue craindre pour son âme, qui selon lui n’a pas trouvé le repos. Jan aurait-il été la victime du mari d’Helga, et cela par-delà la tombe? Chercherait-il à achever son oeuvre? Les deux femmes décrivent ensuite succintement au Père Knecht l’étrange signe gravé sur les monticules de glace, ainsi que la réaction de Jan au moment de sa destruction, mais sans toutefois oser le dessiner. Au vu du pouvoir mystique dont il semble être imprégné, personne ne pourrait leur reprocher une telle prudence.

Requête urgente

Leur conversation est alors interrompue par Quantaestellae, qui vient prévenir Helga que Wilhelm la demande de toute urgence. Celle-ci s’en va retrouver son cocher qui l’attend effectivement près de l’entrée de la demeure du Père Knecht, son visage sévère encore plus préoccupé que d’habitude. Il informe alors sa maîtresse qu’une personne est venue le voir de la part des Magistères avec un message pour elle : Hector désire la voir d’ici dix minutes au Fröhliche Leprechaun. Helga demande à Quantastellae de prévénir Jan une fois “son exorcisme” terminé, et de lui dire qu’elle a dû répondre à “une urgence” ; c’est sur ces paroles que les deux Mages ainsi que Wilhelm prennent la route du restaurant.

Au Fröhliche Leprechaun

Celui-ci est presque désert lorsqu’elles y pénétrent. Il est alors 14 heures passées de trente minutes. Un serveur se dirige vers Helga afin de lui donner sa table habituelle, qui est située dans une alcôve, au premier étage. A peine installées, les deux femmes voient soudainement arriver Jan ; d’une façon ou d’une autre, Quantaestellae a su elles se rendaient, et en a informé l’Akashite. Ce dernier a du moins bien meilleure mine à présent, même si sa main, pourtant soignée la veille, semble être à nouveau cassée… Hector, quant à lui, s’avère être en retard d’une bonne vingtaine de minutes, constat des plus inhabituels pour un homme aussi ponctuel que lui.

Les trois Mages commencent à soupçonner un piège, et Jan propose finalement de passer à l’action ; plus étrange encore est le fait que Niklaus, le serveur qui les avait accueillis à leur arrivée demeure toujours introuvable alors qu’il était parti se renseigner au sujet de Malleaux. Jan décide d’aller faire le guet près de l’escalier, et ne tarde pas à remarquer ledit Niklaus discutant avec une autre personne, elle-même dissimulée dans l’embrasure de la porte d’entrée. Helga pendant ce temps, décide d’examiner attentivement le deuxième étage, et ressent une subtile vibration traverser l’air au moment où elle essaie de suivre Jan en direction du rez-de-chaussée. Dehors, un corbeau passe non loin de là, son lugubre croassement résonnant dans l’air… et Irena, restée au premier étage, entend soudain une voix faible et désincarnée lui murmurer l’unique mot de “Brandenburg” avant de s’éteindre…

Jan, une fois de retour, aperçoit par la fenêtre une silhouette partant du restaurant pour se diriger vers le Stefansdom à grands pas — Grygor, peut-être, au vu de ses vêtements sombres et d’aspect monacal ? Les trois compagnons échangent rapidement ce qu’ils ont vu et ressenti avant de s’interrompre, car quelqu’un est en train de gravir rapidement les marches de l’escalier. Jan se dissimule immédiatement derrière une tenture ; il s’agit en fait de Niklaus, à présent tout sourire et portant un plateau de victuailles.

Interrogatoire

Egalement tout sourire, Helga signale au serveur “un petit problème d’agencement dans le décor du premier étage”, et lui demande de s’asseoir à sa place afin de “mieux le voir”. A peine s’est-il executé que Jan bondit en avant, lui mettant un couteau sous la gorge avant de l’interroger sur l’homme à qui il a précédemment parlé. Le serviteur terrifié refuse de répondre directement par crainte d’être tué, et l’Akashite décide alors de prendre directement l’information dans son esprit. Il y distingue notemment deux noms: “Maître des Homoncules”, puis “Mateus”. Egalement impressionné par le regard menaçant que lui lance Irena, des reflets de lumière ambiante dansant dangereusement au plus profond ses yeux couleur carmine, il avoue finalement que l’homme qu’il a rencontré quelques minutes auparavant ne leur voulait aucun mal ; l’homme désirait seulement s’assurer qu’ils étaient bien sur les lieux, sans doute afin de garder un oeil sur eux. Il ne lui a pas non plus remis de statuette, ce qui semble être plutôt encourageant. Son interrogatoire à présent terminé, Helga force le serveur à boire un verre de vin qu’elle a préalablement drogué, et celui-ci s’effondre sur la banquette, profondément endormi.