La Source du Dragon

Le Maître des Homoncules

Tandis que la berline fait route vers le palais Melvany, Hector révèle que la personne derrière cette attaque est très certainement le chef du mouvement contestataire qui a fait emprisonner le Marquis : le “Maître des Homoncules” lui-même. Ce qui va être dit à ce sujet devra bien entendu rester secret…

Il existe de nombreux postes d’importance chez les Magistères, et le Maître des Homoncules est l’un des plus prestigieux. Ceux qui atteignent cette position comptent parmi les individus les plus doués dans leur Art, au point de pouvoir insuffler, dans une certaine mesure, une partie de leur volonté à tout ce qu’ils touchent. Hector n’a rencontré que très peu de fois cette créature qui n’a à présent plus rien d’humain, selon ses dires ; il s’agit d’un individu d’apparence âgée, voûté, au regard brillant en permanence d’une animosité à peine dissimulée. Ce serait donc cette homme nommé Fyodor qui aurait décidé de saisir l’opportunité crée par les récents troubles régnant à Vienne afin d’organiser un coup d’état contre la faction majoritaire au sein de son Clan ; avec son appui, le Marquis fut alors été arrêté, puis accusé de faire partie d’une chimérique conspiration destinée, ironie suprême, à renverser l’ordre établi. Cette accusation serait fondée, prétend-t-il, par un lien existant entre lui et la statuette que l’on aurait retrouvé sous le pont de Brandenbourg. Le maître d’Hector est désormais retenu dans l’une des Fondations Tremere situées près du Grand Palais des Habsbourg.

De plus, l’enlèvement de Francesca semble lié à tout cela : en effet, quelques heures auparavant, Hector a découvert que Lars avait récemment entretenu des liens étroits avec le Maître des Homoncules… Tout ceci le trouble profondément, car le traître aurait dû demeurer sous le contrôle psychique étroit du Marquis, et n’aurait pas pu, en temps normal, s’en libérer aussi facilement qu’il l’a fait.

Jan ne tarde pas à mentionner le nom de Mateus. Hector devient petit à petit livide, avant de demander où diable l’Akashite a bien pu entendre parler de ce nom. L’on apprend alors Mateus était le Sire de Fyodor. Par le passé, le Marquis, qui a toujours entretenu une rivalité passionnée avec l’actuel Maître des Homoncules, avait fait discréditer Mateus aux yeux de ses condisciples viennois, ce qui provoqua indirectement son execution quelques années plus tard… Il s’agit là de l’un des actes politiques ayant entraîné le plus de remords et d’inquiètudes chez Damien de Laplace, mais le mal était fait, et la haine de Fyodor, est rapidement devenue inextinguible.

Grygor et Fyodor?

Hector avoue toutefois ne connaître aucun Grygor… ce qui n’exclut pas l’hypothèse d’une alliance temporaire entre cet étrange sorcier et le Maître des Homoncules… La Goule ne sait pas non plus où se trouve Francesca, bien que le Riesenrad pourrait constituer un point de départ tout à fait plausible. Quoi qu’il en soit, Malleaux semble être isolé, mis au ban par ses maîtres, et les informations qu’il détient à présent constituent sans doute la principale raison des menaces qui pèsent sur lui.

Irena , après plusieurs minutes de reflexion, semble considérer la possibilité d’un lien existant entre Grygor et Fyodor. Grygor aurait certainement pu briser le sortilège de contrôle psychique unissant Lars au Marquis ; quant aux fameux rituels fondés sur l’utilisation de statuettes enchantées, Hector les trouve quant à lui étonnament similaires à ceux utilisés par le Maître des Homoncules. Tout comme pour le lien imposé par le Marquis à son ancienne Goule tchèque, le sang semblait y jouer un rôle d’importance.

Jan finit par émettre l’hypothèse que Fyodor ait tout simplement laissé un piège sous le pont, sachant que Hector viendrait peut-être s’y réfugier, et qu’en fait, personne ne suivait personne. Quant au corbeau lui-même, il s’agit-là sans doute du familier de Grygor… à moins qu’il ne soit bien plus que cela..?

Plan de bataille

Le temps presse cependant, et une fois installés dans le petit salon du Palais Melvany, Mages et Goule tentent de mettre au point un plan de bataille efficace avec les éléments qu’ils ont entre les mains. Ils commencent par envisager une diversion, allant même jusqu’à se demander si la menace qui pèse sur les liens du sang, de par les actions de Grygor, ne pourrait pas servir à impliquer d’autres Vampires viennois. Jan propose également d’utiliser ses talents de perception spatiale afin de localiser Francesca, ou au moins de se projeter dans ses pensées, et cela malgré le risque de déclencher un éventuel signal d’alarme mystique. Au vu de la vision qu’il a eue la nuit dernière, le Riesenrad et sa grande roue sont en tous cas la clé de tout ceci, il en est persuadé.

Tous quatre se préparent, qui en fabriquant des bombes au poivre, qui en assemblant un grappin de fortune, qui en mettant au point des charges explosives improvisées ; cela donne d’ailleurs l’occasion de constater de visu les pouvoirs surnaturels d’Hector, qui s’avère être capable de tordre un tisonnier à mains nues. Suggestion est faite de passer par les égoûts, mais Hector profite de cette occasion pour mettre ses compagnons en garde : il s’agit là du territoire de créatures similaires aux Magistères, et qui sont toutes aussi dangereuses à leur manière. Des prédateurs auxquels il faudrait tout d’abord demander droit de passage. D’un autre côté, celles-ci n’apprécient guère Fyodor, qui aurait abusé de leur confiance un siècle auparavant, une date qui semble coïncider avec sa relative mise au ban de la société vampirique. Le Maître des Homoncules est toléré par ses pairs, mais sa position sur l’échiquier vampirique paraît être des plus instables…

Tarot

Il est maintenant plus de 19h, et Jan, qui s’était jusque là isolé afin d’entrer en contact psychique avec Francesca, revient finalement dans le petit salon, l’air assez perplexe. Il demande alors à Helga si sa gouvernante a des origines gitanes, ce qui surprend profondèment la jeune femme, puisqu’elle sait que sa servante est originaire de Bologne, et qu’elle est de souche purement italienne. Durant son rituel de perception extrasensorielle, le mercenaire a en effet cru voir une porte, puis Francesca, sous l’aspect d’une diseuse de bonne aventure, lui indiquant une carte de tarot. Celle-ci portait une inscription la décrivant comme étant “Le Suppliant”, et l’on pouvait y voir un spectre sortant d’un cercueil ouvert, devant lequel se tenait un homme à genoux ; puis, contre toute attente, l’image de l’homme, du ‘Suppliant’, a fini par se tourner lentement vers l’Akashite, qui préféra choisir ce moment pour interrompre son sortilège. Le visage de cette chose, horriblement brûlé et enlaidi par une mâchoire façonnée à partir de métal noirci, est rapidement identifié par Hector lorsque Jan lui en fait la description. Fyodor lui-même semble hanter les songes de Francesca, ce qui n’est certainement pas un signe encourageant. Il s’agit en tout cas d’une carte appartenant à un type de tarot qu’Irena ne connaît pas, un jeu qui a sans doute été personnalisé ; néanmoins, Helga pense avoir déjà vu un objet tel que celui-ci entre les mains de Jakob et du Père Knecht.

Pris d’un doute soudain, les trois Mages vont alors fouiller la chambre de Francesca, mais n’y trouvent rien de particulier, sinon ses économies, dans une boîte dissimulée sous le plancher.

Dangereux rituel

Une fois nantis d’un plan rudimentaire trouvé dans la bibliothèque de Jakob, les trois Mages décident de rechercher les différentes entrées du parc abritant le Riesenrad, et finissent par inspecter rapidement la topographie des terrains alentours. Le Prater lui-même est situé entre les pâturages d’un riche exploitant fermier et la propriété d’une famille d’importateurs textiles dont la maison, à 300 m de là, est maintenant à l’abandon et semble même être en ruines. Il s’agirait là d’une cachette idéale, puisque la bâtisse est retranchée derrière une frondaison d’arbres… une position idéale pour eux aussi bien que pour leurs adversaires potentiels. Le plan concorde en tout cas avec la vision qu’à eu Jan de l’endroit quelques heures plus tôt ; son instinct le pousse à affirmer que si Francesca est bien là-bas, il faudrait plutôt songer à la chercher du côté de la grande roue.

En étudiant plus attentivement la zone entourant le Riesenrad sur le plan, nos trois compagnons d’infortune se rendent assez vite compte que les parties les plus importantes, les plus aisèment repérables du Prater forment en fait une sorte de pentacle, avec Francesca sans doute placée en son centre. Ils commencent alors à y voir là la possible préparation d’un rituel sacrificiel destiné à ressusciter Mateus. Francesca pourrait être l’appât, et ses sauveurs être en fait le sacrifice. Irena pense dès lors à détruire une partie de ce gigantesque symbole, afin d’empêcher, ou tout du moins de ralentir l’exécution d’un tel rituel. Interrogé sur le sujet, Frère Piotr semble penser sensiblement la même chose : détruire le point focal s’impose.

Mais que fait donc Hector?

Helga s’en va chercher la longue-vue de Jakob, et voit alors Wilhelm sortir du petit salon, l’air hagard et avec une longue traînée de sang visible sur son cou. Il a été apparemment frappé par un objet contondant alors qu’il préparait les sacs pour l’expédition nocturne, et avoue piteusement que le coupable n’est autre qu’Hector, qui s’est emparé d’un cheval et n’a laissé pour excuse que ces quelques mots: “Je suis vraiment navré.” Le Marquis aurait-il rappelé son homme-lige, et cela de toute urgence…?

L’incendie

Enfin prêts à partir, les trois apprentis sauveteurs montent à bord de la berline d’Helga. Après tout juste dix minutes de trajet, Wilhelm arrête le véhicule au sommet de la butte située au sud de la ville et leur demande de regarder par la fenêtre. De là où ils sont, on peut très bien voir l’agglomération, et y distinguer à présent plusieurs langues de feu dansant rageusement en son sein. Grâce à sa propre longue-vue, Jan distingue plus particulièrement un vieux bâtiment déjà presque entièrement dévoré par les flammes et entouré par plusieurs dizaines de personnes ainsi que par des pompiers ; au loin, derrière l’incendie, se profile la silhouette d’un gigantesque bâtiment… L’ancien palais royal… là où le Marquis serait censé être retenu prisonnier. Une diversion a bien été lancée, mais c’est Fyodor qui a de toute évidence pris l’offensive, ce qui expliquerait le départ si précipité d’Hector.