Orpheus Ex Machina

Soulagement

Suite à l’expérience vécue la nuit précédente lors de l’affrontement avec la Goule de Fyodor, Jan, par mesure de précaution, s’emploie à trancher la tête de Lars à grands renforts de couteau. Helga, elle, ne peut s’empêcher de murmurer une prière pour celui qui pourtant était son ennemi. Irena, quant à elle, achève enfin d’éteindre les dernières flammes. Le cadavre de Lars Kriczek commence déjà à tomber en poussière, leur rappelant à tous trois quelle créature il était devenue… et, par la même occasion, ce qu’il a dit tantôt au sujet des serviteurs de la Verbena. Saisis d’une forte appréhension quant à ce qu’ils vont trouver à l’intérieur du manoir — Helga, partagée entre la colère et la tristesse, ne sait pas si elle a le coeur de voir cela… —, les trois mages, d’un pas hésitant, reprennent finalement le chemin de la demeure. Mais alors qu’ils posent le pied sur la première marche du perron, la porte s’ouvre à la volée, laissant le passage à un Wilhelm à la fois fort surpris et soulagé: “Vous êtes donc toujours en vie?” s’exclame Helga, peinant presque à prononcer ces paroles.

Wilhelm fait entrer sa maîtresse et ses deux compagnons, et explique à demi-mot qu’ils ont été attaqués peu de temps auparavant; cependant, il est parvenu à barricader la porte, et, chose curieuse, la créature est ensuite repartie. Francesca va bien, toujours endormie dans sa chambre. Ni l’un ni l’autre n’ont en fait vu quoi que ce soit de l’incendie et du combat contre Lars. La menace à présent conjuguée, Wilhelm se charge de rentrer la berline et de prendre soin des chevaux; les mages, eux, se réfugient dans le petit salon, s’effondrant plus qu’ils ne s’assoient sur les canapés durant quelques minutes, le temps de reprendre leur souffle.

Après s’être assurée de l’état de Francesca, Helga rejoint ses compagnons, puis, au retour de Wilhelm, explique que l’attaquant était Lars, le chef des bandits rencontrés sur la rive du Danube. Wilhelm est quelque peu perplexe — il n’avait nullement eu l’impression qu’il s’agissait de Kriczek, sans doute à cause de sa transformation vampirique quelque peu inattendue. Quelques minutes à peine avant le retour des trois mages, il était allé chercher du bois dans la remise, a perçu une présence derrière lui, qui ne lui semblait pas normale; sans plus attendre, il s’était alors précipité à l’intérieur du manoir pour tout verrouiller. Lui-même ne sait pas pourquoi il a agi ainsi: pour protéger Francesca avant tout, sans doute? Et pourtant, pourtant, cette chose n’a pas pénétré dans la demeure, alors qu’une simple serrure ou un battant de porte n’aurait pas dû pouvoir l’arrêter très longtemps… Le palais Melvany semble décidément mieux protégé qu’on ne l’aurait cru.

Visions, statuesque et hypothèses

Maintenant de retour au calme, Jan, Helga et Irena tentent de faire le point. La trahison de Grygor remonte sans doute à la veille, au moment même où les trois mages ont pour ainsi dire investi le parc du Prater. La mort de Jakob est également soulevée à nouveau: seraient-ce Fyodor et ses sbires qui, par dépit, ont assassiné le Choriste? Selon Jan, l’homme rencontré au Stefansdom, Van Ruprecht, aurait certainement des réponses… mais encore faudrait-il savoir quelles questions lui poser. Quant au mystérieux Lhop-Lhop, peut-être est-il de fait devenu le gardien des lieux? Sans oublier le fait que Lars a clairement appelé Helga “Sombre Reine”, et qu’il connaissait donc ce curieux surnom que lui donnent certains.

L’Akashite parle ensuite de la vision qu’à deux reprises il a eue d’un homme portant un masque, un chapeau haut-de-forme et une queue de pie, homme au comportement des plus bizarres, par ailleurs. A la mention d’un masque, Wilhelm, qui venait de rentrer dans la pièce, portant un plateau avec une théière et des tasses, fronce les sourcils. Il n’est pas tout à fait certain de ce qu’il avance, étant donné qu’il vient de saisir des bribes de conversation au vol, mais pour lui, Helga parlait des oeuvres de son mari, et il se souvient maintenant d’une statue dont Jakob avait fait don au Musée des Beaux-Arts — statue que la Verbena n’a d’ailleurs jamais vue. C’était en fait l’une des premières oeuvres du sculpteur, une oeuvre dont il n’était pas particulièrement satisfait: une statue composée de masques agglomérés, le tout formant un autre masque gigantesque. Néanmoins, s’il ne l’aimait pas, cette sculpture, Jakob aurait tout à fait pu la détruire. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait? Quel était l’intérêt de la donner, à un musée qui plus est?

De nouvelles pistes se présentent ainsi. Helga pense qu’aller au musée serait une bonne idée, et que peut-être même il faudrait aller parler à Herr Haso, qui semblait neutre dans le problème opposant Fyodor au Marquis de Laplace. Jan voudrait également retourner au Rotenbüschel pour examiner la fameuse chambre à la perturbation entropique apparue clairement après que l’Akashite a quitté sa propre chambre. Sans plus attendre, Helga s’emploie à rédiger un message sollicitant une audience avec le conservateur du musée, message que Wilhelm fera porter là-bas dès le lendemain matin. Et sur ces entrefaites, la nuit portant conseil, nos amis tentent de trouver le sommeil.

Mystère à l’écurie

Au matin du 26 novembre, le réveil est difficile pour les trois mages, mais apparemment beaucoup moins pour Francesca, déjà debout et en train de s’activer au moment où ils gagnent le petit salon. Francesca, qui s’efforce de paraître enjouée, mais ne peut cacher une certaine inquiétude sous-jacente, dit que Wilhelm est en train de nettoyer l’écurie: la veille, en rentrant l’attelage,  il avait en effet découvert que quelqu’un s’y était introduit et avait apparemment tué l’un des chevaux… mais il ne l’avait pas signalé alors, peu désireux d’ajouter à l’inquiétude de sa maîtresse après les tristes événements s’étant déroulés au palais. Examiner de plus près tout cela est donc l’une des nombreuses choses au programme de la journée, en plus de la nécessité d’aller au musée, de planifier le futur voyage en Valachie et de recruter d’autres serviteurs (Helga pense en effet que Wilhelm et Francesca sont bien trop “expérimentés”, et voudrait leur donner des postes plus importants).

Tandis que Helga téléphone au musée pour prendre rendez-vous, Jan et Irena, accompagnés de Frère Piotr, commencent par examiner l’écurie, où règne  une atmosphère tendue. Si le cadavre du cheval a été traîné à l’extérieur, des traces en plusieurs endroits, sur les poutres ou encore sur les outils, indiquent clairement que quelqu’un est passé par là; la porte du box de l’animal ainsi tué a même été arrachée de ses gonds. Gisant sur le flanc, le cheval au pelage blanc arbore sur son corps de nombreuses coupures très profondes et de longues traînées de sang. Autour de lui, Irena perçoit une aura résiduelle assez étrange et malsaine, effet secondaire d’une forte présence; quelques images s’imposent même à elle, de peur, de course, de douleur atroce et de rage prédatrice. Jan, lui, reconnaît aisément que les blessures infligées résultent de coups de couteau, et il lui semble bien que cette lame était celle de Lars — furieux de n’avoir pu pénétrer dans le manoir, le jeune vampire avait sans doute passé sa rage sur l’animal. Enfin, près de la porte du box, Piotr découvre un curieux objet blanc: un petit morceau de cristal (une pierre brute, qui n’est pas pure), pas plus gros que le pouce et d’aspect encore légèrement granuleux. Quand la martre le touche, elle ressent un bref choc électrique, et pousse un petit cri, attirant ainsi l’attention de ses compagnons. Le cristal était apparemment l’un des composants d’un rituel, et n’est plus enchanté à présent. Il a été projeté dans le bois avec une force extrême.

Elements de rituel

Jan quitte l’écurie pour aller examiner le corps de Lars; il n’en reste plus rien, sinon des cendres et la cape qui avait été jetée par-dessus la veille pour le recouvrir. Alors que son regard se pose sur les étendues d’herbes ravagées par les flammes vertes, l’Akashite sent une curieuse sensation de déjà-vu l’envahir, une impression d’angoisse. Les flammes, en rongeant le sol, semblent avoir dessiné une forme circulaire, composée de trois courbes tentaculaires, d’environ cinq mètres de diamètre. Jan fait signe à Irena de venir le rejoindre, désirant avoir son avis sur cet étrange motif; force est de constater que celui-ci ressemble fort au signe qu’avait tracé Jan possédé sur ses monticules de glace … ainsi qu’au symbole aperçu par l’Hermétiste dans le croquis de Vision du Tartare. En invoquant son feu maudit, Lars était-il seulement conscient de ce que les flammes traçaient là? Quoi qu’il en soit, les deux mages ont vite fait de remarquer que le débris de cristal retrouvé par Frère Piotr se trouvait — coïncidence qui n’en est pas une…? — dans l’axe de ce signe.

Piotr, justement, a senti une résonance entre le symbole et le cristal, comme une sorte de suintement malsain. Afin de ne prendre aucun risque, Jan s’emploie alors à bêcher le tracé laissé au sol afin de le briser pour de bon, tandis qu’Irena part en quête d’autres éclats de cristal; elle en trouve cinq, tous éparpillés autour de la zone ravagée. Mais la finalité de leur présence reste à élucide: étaient-il là avant l’arrivée de Lars, ou sont-ils au contraire une forme de réaction au combat qui s’est tenu là la veille? Irena doute que son propre Rituel ait joué un rôle dans tout cela; il n’avait après tout pour but que d’accélérer le processus, pour ainsi dire, de mettre Lars face à son destin plus vite que prévu. Les éclats rassemblés, les deux mages en parlent à Wilhelm et Helga, qui les ont rejoint; Wilhelm révèle alors avoir trouvé un autre morceau de cristal fiché au bas de la toiture, et le montre à Jan.

Helga, à son tour, se rend à l’écurie pour voir le cadavre du cheval. Elle reconnaît ce type de blessure: il s’agit là ni plus ni moins que d’une victime sacrificielle, car Lars a pris soin de faire en sorte que chaque blessure en soi ne soit jamais instantanément mortelle, afin d’infliger le plus de souffrance et de répandre le plus de sang possible. Et cependant, il n’y a quasiment aucune présence de sang sous l’animal… Piotr indique que le corps de la bête porte neuf blessures, ce qui pousse les mages à penser que peut-être il y aurait également neuf éclats de cristal. En compagnie de la martre, Irena cherche s’il n’y aurait pas encore deux autres éclats de cristal à proximité de l’écurie ou du signe. L’Hermétiste en retrouve un, qui a été projeté avec beaucoup de force dans la brique du mur d’enceinte attenant aux écuries. Quant à Piotr, il découvre un dernier éclat fiché à la base d’une des statues de Jakob — précisément celle derrière laquelle Lars s’était placé en embuscade…